“Penser l’entre”

Du 10 novembre au 30 décembre 2019
Alice Mogabgab – Brussels présente l’exposition
Jean-Bernard Susperregui
Penser l’entre / Denken over het tussen
Sculptures / Sculpturen

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Jean-Bernard Susperregui est né en 1952 à Paris. Il vit et travaille en Seine-et-Marne, en France.
Enfant, confie-t-il, « je regardais les sculptures tellement, que je m’attendais à ce qu’elles bougent» . Dès lors qu’il perçût la « vie secrète de l’espace », le sculpteur s’est attelé à l’apprivoiser et à apprivoiser les matériaux. Autodidacte, Jean-Bernard Susperregui fréquente l’atelier de Marino de Téana (1920-2012) et réalise ses premières sculptures en 1969.
En 1975, il est repéré par Gilles Vallée qui l’expose à la Galerie du Haut Pavé à Paris. Depuis, les expositions personnelles et collectives s’enchaînent partout en France. Entre 1989 et 1991, il se fait remarquer pour ses créations de décors pour le théâtre, notamment dans le cadre du Festival d’Avignon. En 1998, il crée une œuvre monumentale, une fresque de huit cents mètres carrés d’acier et de rouille, pour le théâtre de Toulouse. En 2002, il réalise une sculpture monumentale à Corbeil-Essonnes dans le cadre de la commande publique. En 2004, commence sa collaboration avec la Galerie Alice Mogabgab qui le présente à Londres, à Paris et à Bruxelles.

Penser l’entre. Dans un large éventail, les sculptures de Jean-Bernard Susperregui englobent des contradictions apparentes ; le vide et la forme, l’ouvert et le fermé, le positif et le négatif, le statique et le dynamique, la symétrie et la dissymétrie, la légèreté et la pesanteur. Loin de s’annuler entre elles, ces polarités se manifestent dans un jeu d’intercommunication favorisant de nouvelles relations. De ce dialogue incessant entre les éléments naissent de multiples configurations plastiques qui perturbent nos façons de penser l’espace.
Chaque œuvre est une invitation à jouer avec ces couples de contraires, à opérer des permutations, à rencontrer le simple et le complexe, à découvrir ce que le vide recèle et dissimule.

« Le vide » écrit Martin Heidegger « n’est pas rien ». « Il n’est pas non plus un manque », « un défaut de remplissage d’espaces creux et intercalaires ». Si le vide apparaît dans les travaux de Jean-Bernard Susperregui comme une réalité aussi tangible que la forme qui lui sert à se manifester, c’est que « l’intercalaire » ou l’entre, selon la formulation de Gilbert Lascault, est pensé autrement que sous la forme d’une carence, d’une absence.
Penser l’entre, et là réside le tour de force de l’artiste, nous le faire penser, cela signifie concrètement : penser les espacements, les tensions réciproques, les alliances et les séparations, les déchirures et les soudures, le visible et l’invisible. D’une certaine manière, cela revient pour le sculpteur à s’interroger sur la façon dont les limites de deux éléments peuvent se rencontrer, se toucher, fusionner ou bien au contraire se repousser, garder leurs distances.
Penser l’entre, inventer les écarts, c’est aussi pour cet homo faber qui maîtrise l’acier avec dextérité, apporter « la localité qui chaque fois prépare une demeure », où le vide puisse se manifester, circuler et se laisser écouter.
Sous cet angle, bien des sculptures de Jean-Bernard Susperregui peuvent être perçues comme des indications physiques de territoires imaginaires qui chaque fois nous « enseignent » un peu plus l’espace.

Caroline Edde.
Historienne de l’art.

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